(1ère partie de 1815-1820)
A la source des Traditions Européennes
Cette période est difficile pour l’Allemagne. Les petits états, éprouvés par plus de 20 ans de guerre, recherchent la paix. Ils refusent l’absolutisme, son arbitraire, sa bureaucratie. La société progresse, de nouvelles inventions se font jour : la presse rapide, la locomotive à vapeur, le télégraphe.
En 1815, Jacob et Wilhelm ont déjà publié beaucoup d’articles qui font d’eux les fondateurs de la germanistique et de la philologie. Ils sont reconnus comme de grands spécialistes des langues allemandes et nordiques anciennes. En 5 ans, ils ont traduit des œuvres allemandes anciennes, danoises, écossaises, espagnoles, italiennes. Ils ont travaillé en contact avec toutes les mythologies européennes.
C’est à la fin de cette année que paraît une édition complète, augmentée et corrigée des « Contes pour l’enfance et le foyer », avec 161 contes et 9 légendes, dont la langue est retravaillée, épurée et homogénéisée avec le plus grand respect pour l’original, ainsi qu’une étude « De la nature des contes ».
Avec les premiers contes, paraissent en complément, les deux tomes en 1816 et 1818 des Légendes allemandes.
Fantômes, elfes, nixes, nains, géants, kobolds, démons peuplent le premier livre.
Le second réunit, par ordre chronologique, des légendes de 1483 à 1546 où les héros des grandes invasions voisinent avec Charlemagne, Siegfried, Lohengrin et Geneviève de Brabant. Les sources sont essentiellement livresques, à partir de milliers d’ouvrages et recueils. L’ouvrage contient 600 textes, organisés par grands thèmes. Il est salué comme « indispensable » par von Arnim, comme « un objet considérable » par Goethe. Il est empreint d’une grâce poétique qui inspire les auteurs. Ces légendes sont très bien accueillies, elles ne seront cependant pas rééditées de leur vivant.
Jacob publie en 1819 une « Grammaire des monuments allemands les plus anciens » où il développe une description des langues, « une science naturelle de la langue ». Il montre l’évolution d’une langue et les rapports des langues entre elles.
Goethe reconnaît en Jacob « une sommité de la philologie ». Plus tard, Jacob publie un Essai sur l’origine des langues, qu’il qualifie de « mystérieuse et merveilleuse ».
Sous la plume de Wilhelm paraît en 1821 « Sur les runes allemandes, contribution à l’histoire de l’évolution de l’alphabet », présentant l’alphabet runique et l’ensemble des caractères des langues germaniques (gothiques à l’est, nordiques au nord) gravés sur des pierres et des bois, ou transcrits sur des manuscrits. Plus tard, en 1828, ils publieront un ensemble de textes runiques.