L’Enfance des Frères Grimm et le Lycée*

Mai 7, 2020 | Actualités, Frères GRIMM

Article signé par
nos « petites plumes »
un grand merci à elles trois !
Marie-Christine,  Dominique et Marguerite
prochainement « Vivre l’écoute du Processus de Création en nos vies »
le 10 juin 20

Jacob GRIMM (1785), puis Wilhelm GRIMM (1786), naissent à Hanau, Land de Hesse. Leur père, Philippe Grimm, né en 1751, a 34 ans lorsqu’il se marie. Il est juriste et greffier de la Cour, charge qui le met en contact avec les grands de son époque dont il pose les possessions par écrit. Il est fils et petit-fils de pasteur de l’Église Réformée.

À leur mariage, Dorothea Zimmer a 30 ans.
 Ses parents, Johann Zimmer, pasteur, et Anna vivent également à Hanau. Dorothea est connue pour sa rigueur morale.

Ils auront neuf enfants, dont deux moururent en bas âge. Après Jacob et Wilhelm, naissent : Carl (1787), Ferdinand (1788), Ludwig Emil (1790, qui deviendra peintre célèbre), Charlotte Amalie (ou Lotte, 1793), puis Georg Edward (1794).

La famille est décrite comme aimante, heureuse et pratiquante. Chaque matin le père prononce la prière avant le petit déjeuner et le soir il lit un passage de la Bible, tous réunis autour de lui, comme il est d’usage dans les familles protestantes pieuses.

En 1791 (Jacob a 6 ans et Wilhelm 5), la famille s’établit à Steinau, le père étant nommé bailli. Le bailli représente l’autorité sur un territoire. C’est une promotion. Il s’occupe de la justice et de la gestion administrative au nom du roi. Par ce poste, il fréquente la classe dirigeante.

Suivent cinq années relativement aisées. L’éducation est assurée par la mère (qui leur raconte aussi de nombreuses légendes) et la tante paternelle Juliane Schlemmer qui leur enseigne à lire et à compter, ainsi que les bases de la religion. Un proche leur enseigne le français. Comme dans les familles aisées, ils ont un précepteur nommé Zinckhan.

En 1796, leur père décède d’une pneumonie à l’âge de 45 ans. D’une fenêtre, les enfants regardent le cortège funèbre s’éloigner. À 11 ans, Jacob, l’aîné, prend alors la Bible familiale qui contient la date de mariage des parents, les dates de naissance et de décès des enfants et y inscrit la date du décès de leur père.

Dorothea est seule en charge des 7 enfants. Elle doit déménager afin de libérer le logement de fonction. La famille est aidée par le père de Dorothea, Johann Zimmer, très âgé, mais qui assure l’autorité familiale, une femme ne pouvant l’assumer à l’époque ; ainsi que par la tante Juliane Schlemmer qui décède onze mois après. La solidarité familiale se pratique avec force.

Compte tenu des contacts professionnels hauts placés de son défunt mari, très apprécié, il y a de fortes probabilités pour que Dorothea ait bénéficié d’aides venant de ceux-ci, comme cela se pratiquait, dont une qui s’appelait le Tronc de la Veuve.

Jacob, le cœur gros, explique à sa mère que Zinckhan n’a plus rien à leur apprendre. Se pose alors la question de l’éducation des deux jeunes frères, déjà inséparables et reconnus comme brillants. Il faudrait que Jacob et Wilhelm aillent au lycée. Comment Dorothea pourrait-elle assumer cette charge financière ?

Heureusement sa sœur Henriette Zimmer est célibataire et aime beaucoup ses neveux. En 1798, elle fait venir les deux adolescents (13 et 12 ans) auprès d’elle. Elle est deuxième Dame de compagnie de la Comtesse de Hesse-Kassel, la Princesse danoise Wilhelmine Karoline, épouse du Landgrave Guillaume 1er de Hesse-Kassel un des dirigent les plus puissants du Saint Empire Romain Germanique (frère de Charles de Hesse-Kassel).

La Comtesse permet aux deux frères de faire leur scolarité au lycée de Kassel, qui n’est accessible qu’aux nobles, mais par dérogation, ils y sont admis. Fait exceptionnel, ils bénéficient d’un répétiteur, par ailleurs précepteur chargé de la formation des pages à la cour, qui complète leur enseignement, notamment en latin et français : ils ont ainsi accès au meilleur de l’éducation de l’époque.

Logeant au château, Henriette leur trouve une chambre meublée avec pension chez un cuisinier de la Cour. Elle paie la pension et subvient à leurs besoins. Grâce à cette tante maternelle, leur jeunesse se passe au contact des futurs dirigeants du Land. C’est une opportunité extraordinaire pour ces deux jeunes élèves méritants.

La scolarité d’un lycéen dure environ 8 ans, mais il est possible de brûler les étapes pour les plus doués. C’est le cas des deux frères, qui terminent le lycée en 4 ans, malgré la mauvaise santé de Wilhelm qui le prive de présence en cours pendant 6 mois. Ils suivent une formation complète, ajoutant aux matières du programme de nombreuses heures d’étude supplémentaires. Philologie (langue maternelle, langues anciennes), histoire, géographie, histoire naturelle, anthropologie, morale, physique, logique et philosophie sont à leur programme. Ce sont de grands lecteurs :
Schiller, Goethe, mais aussi les auteurs classiques ou étrangers, comme La Fontaine.

De plus, ils pratiquent le dessin avec talent. Ludwig Emil, leur jeune frère très doué, impressionné par leurs dessins, embrassera la carrière de peintre et graveur, il deviendra un peintre célèbre qui marquera l’art allemand et son histoire.

La scolarité s’achève, non par un diplôme, mais par les appréciations des professeurs. Celles-ci sont particulièrement élogieuses, confirmant leurs facilités intellectuelles. Ils sont remarquables et remarqués, les portes pourront s’ouvrir pour eux. Jacob et Wilhelm sont fortement encouragés, malgré leur situation familiale, à poursuivre leurs études à l’Université.

*La source principale des informations de cet article
François Mathieu « Il était une fois … les frères Grimm »,
Éditions du Jasmin, Signes de vie, 2004